Nazisme et management

avec Johann CHAPOUTOT
publiée le
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animée par celestinc

Les start-up les plus en pointe de la Silicon Valley qui font appel à des chief happiness officers pour organiser des courses de drones, du karting, et des dégustations de bières avec leurs salariés n’ont rien inventé. Avant eux, les Nazis avaient réfléchi à l’importance de motiver les employés et de susciter leur adhésion. Dans Libres d’obéir, le management du nazisme à aujourd’hui ( Gallimard ), Johann Chapoutot décrit l’organisation Kraft Durch Freude, la « Force par la Joie », qu’il compare à « un immense comité d’entreprise à l’échelle du Reich tout entier » et qui avait pour fonction de rendre l’entreprise ou l’usine agréable et ergonomique, et de proposer des croisières ou d’autres loisirs, afin de maximiser le consentement et la performance des travailleurs .

Non, l’historien ne dit pas que le management est un truc de nazi. Mais quand même, il dit que le IIIe reich a été un grand « moment managérial », les circonstances politiques liées à l’expansion du territoire ayant obligé les juristes à penser la conduite des hommes pour faire mieux avec moins. Or ces mêmes juristes nazis ont recyclé après la guerre leurs réflexions sur l’organisation du travail dans des théories du management qui se sont avérées parfaitement compatibles avec le modèle ordolibéral adopté par l’Allemagne pour sa reconstruction.

Johann Chapoutot ne compare pas le nazisme et le management néolibéral, il établit une continuité historique directe pour le moins troublante. Toute la question est de savoir quelles conclusions pertinentes on peut en tirer.

 Laura RAIM

Durée 58 min.

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