A sa création en 2014, Hors Série est un site payant entièrement dédié aux entretiens filmés avec des personnalités artistiques ou intellectuelles, réservés aux abonné.e.s. En 2024, la partie écrite se déploie pour accueillir des articles en accès libre ayant vocation à circuler largement auprès d’un public le plus nombreux possible.

Une ambition critique, une position politique

Que ce soit dans les entretiens filmés ou dans les articles écrits, une même ambition critique structure notre proposition. La critique formulée par les personnalités que nous interviewons, d’abord, que nous choisissons pour la vigueur de leur expression, la profondeur de leur point de vue, la radicalité de leur position – que nous soyons complètement d’accord avec eux ou pas. Car la critique, c’est aussi celle que nous pouvons être amené.e.s à produire nous, en tant qu’intervieweu.r/se.s : dans le respect de nos invité.e.s, toujours, mais avec cette exigence qui nous maintient en dehors de la déférence des interviews promotionnelles. Nous ne sommes pas là pour cirer des pompes ou servir la soupe ; nous sommes-là pour construire un échange dynamique avec eux, qui nous fasse tous réfléchir – eux, nous, vous. Il s’agit de s’aventurer un peu hors des sentiers battus de la parlotte cultureuse, que les médias de masse produisent en série ; il s’agit, oui, de proposer quelque chose qui soit : hors série. La déclinaison écrite obéit à la même exigence : de la singularité, de la profondeur, et des outils analytiques aiguisés pour déconstruire la doxa dans laquelle l’époque tend à sombrer. Si, à sa fondation en 2014, le site ne revendiquait pas explicitement les positions politiques qui sont les siennes, elles se sont depuis manifestées avec tant de constance et de clarté qu’on peut désormais les formuler sans ambage : une ligne anti-capitaliste, anti-impérialiste, antiraciste, féministe et écologiste soutient souterrainement notre projet, qui s’efforce aussi de tenir ensemble politique et esthétique.

D’où venons-nous ?

Au départ Hors-Série est une émanation d’Arrêt sur images, qui en a fabriqué la rampe de lancement (le développement technique) et nous a aidés à le mettre en orbite… Mais Hors-Série est un site indépendant, avec sa propre ligne éditoriale parfaitement autonome : né de notre désir de rencontrer des artistes, des penseurs, des chercheurs, et nous donner le temps de construire avec eux un dialogue approfondi, loin du babil promotionnel et des clashes circonstanciels, c’est devenu peu à peu un espace intellectuel, politique et artistique radical qui, à la différence d’Arrêt sur images, ne se réclame d’aucune neutralité.

Pourquoi un site payant ?

Parce que c’est une garantie d’indépendance absolue : nulle allégeance à quiconque, ni aux annonceurs intéressés par des parts de marché, ni à la puissance publique dont la subvention pourrait devenir une vassalisation. En ne comptant que sur nos abonnés pour financer notre travail, nous veillons non seulement à ce que ce travail n’ait pas d’autre objectif que ses qualités propres – émissions honnêtes, approfondies, documentées, susceptibles de fidéliser leur public – mais aussi à ce que ce travail soit payé à ceux qui le produisent : nous considérons que tout travail mérite salaire. Aussi, notre modèle économique nous permet de rémunérer « à la pige », pour chaque émission, le réalisateur-monteur-mixeur, ainsi que le ou la journaliste qui la présente. Ce modèle a permis également de rémunérer le développeur web, d’acquérir le matériel nécessaire aux tournages (caméras, micros, lumières). Le développement de la partie écrite obéit au même principe : les articles sont payés à leurs auteur/rice.s, à la “pige”.

Le duo fondateur (Judith Bernard, ancienne chroniqueuse Arrêt sur images, et Raphaël Schneider, réalisateur de toutes les émissions de Hors-Série) s’entoure initialement de journalistes confirmé.e.s ou émergent.e.s : Laura Raim (économie), Murielle Joudet (cinéma), Raphaëlle Tchamitchian (musique). Maja Neskovic fait aussi partie de ce “canal historique”, qu’elle devra quitter en cours de route, appelée par de trop nombreuses contraintes professionnelles. 

Viennent ensuite nous rejoindre au fil du temps Manuel Cervera-Marzal, Louisa Yousfi, Tarik Bouafia, Jeanne Guien, et, plus occasionnellement, Stathis Kouvélakis, Wissam Benguerbi, Selim Derkaoui… Ces compagnons de route livrent entre 2 et 7 émissions par an, et seront amenés à participer également à la production écrite de Hors-Série. 

Mais le développement de l’écrit est l’occasion de s’associer une foule de nouveaux rédacteur/ice.s auxquel.le.s nous nous réjouissons de pouvoir offrir un espace d’expression et des opportunités de travail rémunéré !

La partie vidéo du site reste réservée aux abonné.e.s, derrière un “paywall” : garantie d’indépendance absolue, nulle allégeance à quiconque, vous connaissez les vertus du modèle. Mais c’est forcément aussi un modèle fermé – au vent du large, au grand public, à toute une foule de la toile que nous ne connaissons pas, et qui ne nous connaît pas, et c’est dommage.

Alors nous avons conçu le principe des Happy Hours : pendant une journéen, plusieurs fois par an, nous ouvrons portes et fenêtres, Hors-Série bascule en open site, accessible gratuitement à tous : chacun peut visionner et télécharger les émissions. Ainsi pouvons-nous faire connaître notre travail, notre expérience, notre espace, à tous ceux qui n’ont jamais franchi le pas de s’y abonner, à tous ceux même qui ignoraient jusqu’à notre existence, et qui passent par là, et hop, les voilà.

Les Happy Hours, c’est un peu comme une surprise party : la date est annoncée quelques jours avant, avec un créneau horaire précis, nous les annonçons nous-mêmes sur les réseaux sociaux, vous les annoncez si vous voulez à ceux de votre entourage que vous voulez embarquer dans l’expérience Hors-Série… Et voilà : à l’heure dite, tout s’ouvre : du monde débarque, visite un peu les lieux, se familiarise, fait connaissance – et on espère évidemment que, séduits, des gens de passage décident de rester là et de s’abonner, parce que ce qu’ils auront vu les aura tout à fait convaincus.

Pour la partie écrite, lancée dix années après la partie vidéo, une fois que notre robustesse économique a été démontrée par notre persistance, nous faisons le choix du gratuit : l’idée est que ces articles circulent le plus largement possible, faisant connaître l’esprit, l’exigence, et l’espace politique qui sont les nôtres. Un simple appel à dons figure sur les pages de la partie écrite, rappelant la nécessité de faire entrer de la monnaie dans la machine si l’on veut qu’elle continue de tourner, sans contrainte pour nos lecteur/ice.s. En revanche, pour pouvoir commenter les articles, il faut être abonné.e : c’est un principe de cohérence pour quiconque veut “participer”.