The Ladies Man

avec Jerry LEWIS
publiée le
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animée par celestinc

A propos d’une fameuse scène de The Ladies Man (1961) où un mouvement de grue nous fait progressivement découvrir le fastueux décor de maison de poupées que Jerry Lewis avait créé sur deux plateaux de la Paramount, les critiques des Cahiers du cinéma confiaient au cinéaste : “cette scène est comme un jouet gigantesque, une séquence qui a symbolisé pour nous tout ce que Hollywood permet”. Et en effet Hollywood fut bien permissif à l’égard de son grand bébé turbulent que fut Jerry Lewis, acteur de génie, cinéaste tout aussi génial qui exploita du mieux qu’il put ce grand coffre à jouets que peut parfois être Hollywood. Ces jouets, il les chérissait tout autant qu’il les détruisait par cette irrésistible puissance de chaos qu’il insuffle à tous ses films.

Ce chaos, il naît d’un cinéma traversé par des états contradictoires, un cinéma intimement “maniaco-dépressif” comme le dit justement notre invité Jean-François Rauger : goût du désordre et obsession de la maîtrise, fascination et critique du spectacle hollywoodien, masculinité hypertrophiée et hystérie régressive, tentation de l’anonymat et désir d’être quelqu’un. Jerry Lewis ne choisissait pas, c’est ce qui faisait son génie : cette capacité à tout faire cohabiter à l’intérieur de ses films et surtout, à l’intérieur de lui-même. C’est aussi ce qui le rend si actuel : il a été le corps de la “frivolité hystérique” des années 50-60, il est encore le corps de notre époque qui exacerbe cet “échec nerveux à tenir toute note émotionnelle” (George O’Brien) qui nous caractérise si bien. The Ladies Man est le film de ces vents contraires, de cette note que l’on n’arrive toujours pas à tenir, de nos névroses transfigurées en splendide rêve burlesque.

Murielle JOUDET

Durée 85 min.

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